MD: Bonjour Nathalie, peux-tu te présenter et nous en dire un peu plus sur ton parcours ?
NB: “Bonjour Marie et la super Team Gallinée ! Si je devais me décrire en une phrase je dirai que je suis une scientifique « cosmétophile » qui voue une véritable obsession pour la cosmétique depuis mon plus jeune âge. Je suis née au Maroc et j’ai emménagé en France pour suivre des études de Pharmacie à la faculté de Bordeaux. Ma seule ambition étant déjà de me spécialiser en cosmétologie à l’issue de mon doctorat. Chose faite au sein du Master en Cosmétologie de la Faculté de Châtenay-Malabry, là où tu as accompli également ton cursus de pharmacien si je ne me trompe pas, Marie ? J’ai ensuite débuté et accompli la majeure partie de ma carrière dans le domaine des dermocosmétiques pour diverses marques telles que Ducray, Rogé Cavaillès, Nuxe, Vichy et le laboratoire SVR. Après un démarrage en marketing développement, je me suis vite rendue à l’évidence…je n’étais pas totalement à ma place. Le discours marketing que l’on souhaitait m’imposer n’était pas toujours en phase avec la réalité scientifique…Qu’à cela ne tienne, j’accepte un poste en Formation et là tout devient une évidence. Partager, transmettre, la satisfaction d’apporter une connaissance aux autres, enfin je me sentais utile et légitime. Puis, l’envie de diffuser un savoir ou de convaincre un public plus large me prend et on me confie la direction de la communication scientifique. J’avais découvert ce métier lors de mon retour au Maroc pendant 4 ans pendant lesquels j’ai exercé le métier de journaliste Beauté pour un grand magazine féminin local et où j’ai pu assister à de nombreuses conférences de presse animées par des responsables communication scientifique. Cela fait maintenant 15 ans que je m’épanouis à ce poste pour des marques toutes très différentes et depuis presque 6 ans j’assure le rôle de porte-parole scientifique pour le groupe Shiseido pour la région EMEA. Une vraie fierté, car Shiseido représentait pour moi une référence en termes de recherche, de sécurité, de confiance et faisait remonter en moi des souvenirs d’enfance car ma maman était une grande fidèle de ses textures plaisir et sensorielles. Je me suis sentie à la maison dès les premiers jours !”
MD: Tu fais un métier passionnant, mais que très peu de pharmaciens choisissent. Qu’est ce qui te plait dans la com scientifique ?
NB: “Entre toi et moi, (et donc entre pharmaciennes reconverties) j’avoue avoir subi mes longues années de pharmacie car ce que je visais le plus c’était la connaissance scientifique et le diplôme « sésame » et surtout pas le métier de pharmacien en lui-même. Toutes ces années de sacrifice et de patience m’ont permis d’affiner et d’atteindre mon objectif et m’ont ouvert les portes de la cosmétique. En pharmacie, les gens pensent à tort que la cosmétologie est une « sous-science » alors qu’aujourd’hui on réalise à quel point certaines découvertes dans ce domaine font avancer les connaissances en dermatologie. Ce qui me plait le plus dans ce métier, c’est justement de valoriser cette science cosmétique qui peut paraître futile pour certains mais qui change parfois la vie de certaines personnes. La richesse de ce métier est aussi l’opportunité d’interagir avec de nombreuses personnes et départements: marketing, R&D, RP, service client, consommateurs… On a toujours la sensation que notre input change leur vision des choses et leur apporte de la crédibilité et de l’assurance et en retour, ils forgent notre créativité et notre ouverture d’esprit. J’apprécie aussi le challenge de devoir à chaque fois adapter mon discours en fonction de l’auditoire. Cela nécessite d’être sensible, empathique et bien sûr de développer une aptitude à vulgariser. Mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est d’entendre à l’issue d’une prise de parole : « c’est passionnant, tout est plus clair pour moi ». Alors ma mission est accomplie, les messages, parfois complexes et techniques ont bien été reçus et compris . Une véritable récompense !”
MD: Dans une période ou la désinformation et le marketing de la peur progressent, quels sont tes trois règles préférées pour une bonne communication scientifique ?
NB: “Tout d’abord, il faut se mettre dans la peau de son public et comprendre leur crainte face à toutes les informations voire mésinformations reçues. La peur entraîne forcément un manque de discernement et il ne faut donc pas contredire ou dénigrer frontalement leurs pensées mais faire subtilement une contre-démonstration avec une illustration facile à comprendre. Par exemple : L’inhalation accidentelle de Monoxyde de Dihydrogène peut être fatale, son ingestion massive peut engendrer des troubles de la circulation, de l’urination et sa forme solide peut entrainer des dommages tissulaires importants. Considérez-vous cet ingrédient comme dangereux et accepteriez-vous de l’utiliser dans vos soins cosmétiques ? La réponse sera sans surprise « non » alors qu’il s’agit bien de l’eau (H2O) si vitale et essentielle pour nous tous.
Il faut donc bien les éduquer et les sensibiliser sur l’importance de faire une analyse critique d’une information.
Donc parmi les 3 règles d’or je dirai : être factuel, objectif et surtout utiliser un langage aussi compréhensible que la mésinformation elle-même.”
MD: Tu es au cœur de l’innovation en beauté, quel concept te passionne le plus en ce moment, comment tu vois le secteur évoluer ?
NB: “Le domaine de recherche qui me passionne le plus en ce moment, est celui du pouvoir multi-sensoriel de la peau, sa similarité avec le système nerveux et notamment sa capacité à être influencée par certaines molécules olfactives. Récemment, des chercheurs Shiseido ont démontré que l’interaction directe de certaines molécules olfactives avec des récepteurs mécano-sensoriels cutanés stimulait la production de collagène. De nouvelles perspectives à venir pour les parfums qui seront bientôt considérés comme des actifs anti-âge à part entière. La frontière entre parfums et soins se resserre de plus en plus.”
MD: Et enfin, chez Gallinée par définition, on aime bien manger, et nourrir son microbiome intestinal. Quelle est ton adresse préférée à Paris ??
NB: “LOL ! On a décidément beaucoup de point commun ! Moi aussi j’aime bien manger mais maintenant je penserai toujours à mon microbiote intestinal . D’autant plus que mon organisme est très sensible et susceptible à certains aliments qui déclenchent chez moi un état inflammatoire (articulaire, sinusal…) et une fatigue générale.
Mais bon pour le plaisir des sens gustatifs, j’ai mon adresse fétiche depuis peu, à Boulogne-Billancourt aux portes de Paris. Un restaurant tenu par un couple de jeunes chefs qui ont fait leurs armes dans de grands établissements étoilés (George V, L’oiseau Blanc au Peninsula…) et qui ont eu envie de partager leur savoir-faire et leur passion en toute humilité et bienveillance et à des prix accessibles. Leur crédo : des produits de qualité, travaillés simplement, avec les bonnes associations de saveurs et une carte qui change tous les jours en fonction des arrivages. Et les desserts sont à tomber…mon pêché mignon !
Allez, je suis sympa, je vous partage l’adresse : restaurant « Bonnotte »“